LES AMIS DE LA CATHEDRALE
ET DU PATRIMOINE DE CARPENTRAS
Un monument millénaire
La cathédrale de Carpentras est l'un des rares monuments à intégrer des éléments illustrant toutes les périodes de l'Histoire. Un arc de triomphe romain, les vestiges d'une cathédrale romane, une spectaculaire nef gothique et de nombreux décors baroques lui confèrent une physionomie aussi originale que passionnante. Son histoire est liée à l'importance du diocèse de Carpentras qui, dans un site naturel grandiose à la croisée du Ventoux, du Luberon et de la Vallée du Rhône, comportait jadis 28 paroisses.
Succédant à deux édifices antérieurs, la cathédrale romane de Carpentras, placée sous le vocable de Saint Pierre déployait à l'origine une nef unique de cinq travées couvertes en berceau brisé sur doubleaux. Cette cathédrale primitive qui devait beaucoup à la personnalité d'un évêque bâtisseur, Geoffroy de Garosse (1125-1211) s'effondra en septembre 1399. Néanmoins, il en subsiste encore la coupole du transept, en aplomb de la salle du Trésor, conservant toute sa pureté romane.
L'édifice est alors au centre d'un pèlerinage dont le rayonnement international conduit les visiteurs à venir par milliers dans la cathédrale vénérer le Saint Mors, un clou de la croix du Christ. Découvert en 329 par l'impératrice Hélène, transformé en mors de cheval pour protéger son fils l'empereur Constantin, il aurait été rapporté à Carpentras en 1204 par un croisé comtadin. Malgré la Révolution et les aléas de l'Histoire, cette relique de premier plan est encore conservée dans la cathédrale.
La cathédrale de Carpentras abrite encore l'une des plus importantes reliques de l'Occident chrétien : un clou de la croix de Jésus-Christ.
Un fleuron de l'Art gothique
Le 5 mai 1404, Pierre de Luna, futur pape sous le nom de Benoît XIII, lance la reconstruction de l'édifice ruiné en optant pour un programme architectural ambitieux, resté jusqu'à ce jour, sans précédent en Provence. Les travaux dureront jusqu'en 1531, avec le concours d'artistes et de tailleurs de pierre venus de l'Europe entière. L'importance de ses volumes et la richesse de son programme sculpté et iconographique sont liées au statut de la ville de Carpentras, devenue capitale du Comtat Venaissin.
Ce remarquable exemple de l'architecture gothique tardive demeure, encore aujourd'hui, malgré son inachèvement, l'une des plus grandes églises du diocèse d'Avignon avec ses 58 mètres de long, une nef longue de 42 mètres et haute de 23 mètres. Ses six travées d'ogives, épaulées par de solides contreforts entrecoupés de chapelles, forment toujours la structure du monument, qui n'a connu que peu de transformations par la suite.
De cette période de prospérité subsiste l'un des chefs d'œuvre de l'architecture médiévale : une porte monumentale dite "porte Notre Dame" ou "porte Juive" (1470-1480), considérée comme l'une des plus belles réalisations du gothique flamboyant en France. Son répertoire sculpté exubérant est constitué de savantes déclinaisons de feuilles de choux, pinacles et crochets sculptés, que surmonte la célèbre "boule aux rats".
Venez découvrir l'une des plus belles réalisations architecturales du Moyen-Age en Provence !
Un décor baroque exceptionnel
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, Saint Siffrein se pare d'un ensemble d'œuvres d'art et de monuments digne des plus grandes cathédrales d'Europe. Les relations privilégiées qui unissent le Comtat Venaissin à l'Italie par la Cour pontificale ont durablement marqué le monument et la ville de Carpentras. Grâce au mécénat actif et à la prodigalité renouvelée de plusieurs évêques tels que Jacques Sadolet (1517-1535), Alessandro Bichi (1630-1657), Laurent Buti (1691-1710) et Joseph-Dominique d'Inguimbert (1735-1757), l'édifice est devenu l'écrin d'un ensemble de décors de très grande qualité.
Dans une enveloppe architecturale restée gothique, de très nombreux autels témoignent de la virtuosité des marbriers, décorateurs, peintres, doreurs et ferronniers du Grand Siècle et du temps des Lumières. Douze chapelles latérales fastueusement aménagées ainsi qu'un ensemble de tribunes et balcons contemplant la nef gardent l'empreinte de cette période d'émulation incomparable. De l'orfèvrerie à l'ébénisterie, un mobilier opulent permet d'apprécier le prestige du monument qui abrite encore, dans l'ancienne salle du chapitre, un trésor d'art sacré constitué de pièces exceptionnelles.
Plusieurs artistes locaux qui ont œuvré pour Saint Siffrein sont entrés dans l'Histoire : le sculpteur comtadin Jacques Bernus (1650-1728) qui a sculpté la gloire du chœur de la cathédrale d'après celle de Saint Pierre de Rome, Claude et Pierre-Ignace Mille, ferronniers de talent originaires de la ville, mais aussi le peintre carpentrassien Joseph-Siffred Duplessis (1725-1802), qui deviendra, à la veille de la Révolution, le portraitiste favori d'une partie de la Cour de France.